Apparue au 19e siècle, la morphine souffre encore aujourd’hui de nombreuses idées reçues pouvant effrayer patients, familles et médecins. Est-elle bien nécessaire en cas de douleurs ? Quels sont ses effets secondaires ? Est-elle toujours prescrite aux malades en fin de vie ? Nos réponses.
Morphine : drogue ou médicament ?
La morphine est un opioïde, un dérivé de l’opium, dont les premières traces remontent au 19e siècle. A l’époque, sa prise étant peu – pour ne pas dire pas – réglementée, aucun scientifique n’était capable de définir réellement sa posologie ni même ses effets secondaires.
Depuis, elle a fait son chemin et de nombreuses études ont permis de lui conférer une utilisation précise. La morphine est donc requise pour soulager les souffrances intenses lorsque les autres médicaments ne parviennent plus à calmer le malade.
Puissante, elle est obligatoirement prescrite par un médecin et sa prise est rigoureusement surveillée. Ainsi, afin d’éviter d’éventuels écarts, les ordonnances doivent être renouvelées tous les 28 jours avec une préférence pour un traitement oral (comprimés, gélules ou solution buvable) afin de libérer progressivement les effets du médicament dans le sang.
De ce fait, un patient suivant ces règles aura une chance absolument infime de basculer dans la toxicomanie. Pour autant, comme tous médicaments puissants, la morphine peut engendrer certains effets indésirables.
Parmi eux, le plus fréquent : la somnolence due à l’action sédative des opioïdes. Un effet qui peut également être attribué à la difficulté d’endormissement due à la douleur préalable à la prise de médicament.
En outre, l’envie de dormir n’est que passagère et s’atténue au fur et à mesure que le corps s’habitue à la molécule. Quant aux nausées de début de traitement, que l’on retrouve aussi dans la liste des effets indésirables, elles peuvent être contrôlées par un antiémétique tout comme la constipation qui pourra être soulagée par un simple laxatif.
Les hallucinations et autres troubles psychiques, tant redoutés, souvent associés aux opioïdes sont rarissimes et peuvent facilement disparaître en diminuant simplement le dosage.
La morphine pour soulager et non précipiter la fin de la vie
Destinée à apaiser les douleurs intenses, la morphine est souvent préconisée pour apaiser les patients en fin de vie.
Une cause chère au cœur de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) qui lutte pour un accès universel aux soins palliatifs comme l’autorisent la Suisse, les Pays-Bas, le Luxembourg ou encore la Belgique.
Une dignité encore timidement proposée en France par des médecins qui prônent la sous-dose de l’opioïde par crainte de déclencher une addiction chez la personne âgée et tièdement acceptée par la famille du malade, persuadée que la morphine précipite l’être aimé vers la mort.
Or, la définition exacte du médicament ne fait en aucun cas état d’un ralentissement du rythme cardiaque ou d’une accélération vers la fin de vie. Pour autant, l’entourage associe encore trop souvent la « dernière dose » au décès de leur proche, quand il s’agit simplement de la dernière administration avant que la mort ne survienne de manière naturelle.
De la même manière que tout autre médicament n’appartenant pas à la famille des opioïdes pourrait être accusé des mêmes maux alors qu’il n’est qu’un maillon dans l’enchaînement normal des événements.
La loi Leonetti du 2 février 2016 stipulant que :
« Toute personne a droit à une fin de vie digne et apaisée. Les professionnels de santé mettent en œuvre tous les moyens à leur disposition pour que ce droit soit respecté »
pourrait néanmoins quelque peu changer les mentalités sans toutefois autoriser le droit à l’euthanasie promis par François Hollande lors de sa campagne.
Quelle couverture santé pour les patients en fin de vie ?
Si les Affections de Longue Durée (ALD) sont prises en charge par la Sécurité Sociale, les dépassements d’honoraires et les soins sortants du cadre établi par l’Assurance Maladie restent à la charge du patient.
Des dépenses pouvant peser lourd dans son budget. Aussi, devra-t-il très tôt anticiper ces frais, notamment lorsque le malade est un senior, en multipliant et comparant les devis de mutuelle santé afin de trouver la couverture la plus adaptée à ses besoins.
D’autant que pour soulager ses douleurs, le malade a souvent recours aux médecines dites alternatives (acupuncture, ostéopathie, médecine chinoise…) qui ne sont pas prises en charge par le système de base de couverture santé.
Aussi, selon les cas, il lui faudra également d’adhérer à une surcomplémentaire santé afin de ne pas se retrouver forcé de devoir renoncer à des soins nécessaires et efficaces pour vivre sa maladie dignement faute de moyens suffisants.
Morphine, mutuelle ou surcomplémentaire santé : tous les moyens doivent être engagés pour permettre aux patients en fin de vie de partir dans les meilleures conditions.