Enceinte et malade : Des précautions maximum

Certaines femmes ne peuvent pas se passer d’un traitement quotidien pour soigner une maladie chronique. Cela ne les empêche pas d’avoir des enfants.

Atteinte d’une maladie chronique (diabète, épilepsie, troubles psychiatriques, hypertension artérielle…), vous devez prendre un traitement tous les jours. Mais vous n’êtes pas moins femme, et l’envie d’avoir un bébé est plus forte que tout.  Votre grossesse sera forcément plus surveillée qu’une autre. Voici quelques conseils pour bien vous préparer.

Ajuster le traitement plusieurs mois à l’avance

Commencez par parler de vos projets au médecin qui vous suit habituellement (médecin traitant ou spécialiste), ainsi qu’à votre gynécologue. N’ayez pas peur d’évoquer le sujet, ils sont là pour vous aider.

Remarque : Il est exceptionnel de déconseiller une grossesse chez une femme atteinte d’une maladie chronique, sauf si le pronostic vital est en jeu.

Cette grossesse, il vaut mieux la programmer plusieurs mois à l’avance, le temps d’ajuster votre traitement, car, dans certains cas, celui-ci peut comporter des risques pour le futur bébé. Il va donc falloir trouver une solution : soit changer votre médicament habituel, soit réduire la posologie, voire arrêter complètement toute prise de produit.

Par exemple, chez les jeunes femmes souffrant de troubles bipolaires ou de schizophrénie, il est parfois possible d’arrêter le traitement pendant quelques mois.

La stratégie sera définie par votre médecin et votre gynécologue, en tenant compte de votre pathologie et de votre état de santé.

Très important : ne prenez pas seule l’initiative de modifier votre traitement. Votre santé est en jeu. Si vous avez un doute, n’hésitez pas à appeler SOS Medecin.

Les femmes qui se laissent tenter prennent le risque de se pénaliser elles-mêmes en ne se soignant pas efficacement. Il faut leur expliquer que cela peut être dangereux pour elles et pour leur enfant.

N’hésitez pas à poser des questions au corps médical. Il vaut mieux évoquer en toute transparence les risques encourus par vous-même et par le bébé, afin de mieux les anticiper.

Éviter certains médicaments à risques

Certains médicaments, dont vous avez besoin pour soigner votre maladie chronique, ont des effets tératogènes. Ils peuvent provoquer des malformations chez le fœtus, en particulier s’ils sont pris pendant les deux premiers mois de la grossesse.

Dans la mesure du possible, on peut éviter de prendre ce médicament pendant cette période critique. Il faut savoir, par ailleurs, qu’une molécule n’est jamais tératogène à 100 %. Les plus problématiques ne le sont que dans 30 % des cas. Il n’y a donc pas d’effet systématique.

En prévention de certaines malformations congénitales, votre médecin peut vous prescrire de l’acide folique (vitamine B9). Il est recommandé de commencer à en prendre plusieurs mois avant la conception du bébé.

Un exemple : l’épilepsie

Les jeunes femmes épileptiques prennent des médicaments anticonvulsivants qui ont tous des effets plus ou moins tératogènes. Les produits à base de valproate sont ceux qui posent le plus de problème. On va donc essayer de donner une seule molécule (au lieu de plusieurs, comme c’est parfois le cas), en choisissant la moins nocive. La substitution doit s’opérer avant la grossesse afin de trouver le bon équilibre. Il vaut mieux, en effet, éviter la survenue d’une crise d’épilepsie en cours de gestation, car elle pourrait être dangereuse pour le fœtus (risque d’hypoxie, c’est-à-dire d’une baisse de l’oxygène dans le sang).

Si la future maman ne supporte pas le changement de médicament et qu’elle doit revenir à son traitement habituel, la grossesse sera très étroitement surveillée.

Neuf mois suivis de près

Compte tenu de votre état de santé, votre grossesse est considérée « à risque ».

Elle sera donc suivie à l’hôpital dans un service spécialisé. Pendant ces neuf mois, les examens vont se multiplier afin de s’assurer que tout se passe bien.

On vous proposera plus d’échographies que la normale. Cet examen est particulièrement important à partir du quatrième mois de grossesse : il permet de bien voir la morphologie du fœtus, donc de dépister d’éventuelles malformations. De même, vous devrez subir un certain nombre de bilans sanguins, notamment pour contrôler les taux plasmatiques de médicaments.

Après l’accouchement

Après la naissance, l’organisme de la mère est en plein bouleversement et subit d’importantes modifications hormonales.

Pour ne pas aggraver ces déséquilibres, l’idéal est de rétablir le traitement initial le plus rapidement possible.

On sait, par exemple, que les femmes qui souffrent de polyarthrite rhumatoïde connaissent une amélioration de leurs symptômes en cours de grossesse. Mais après l’accouchement, il n’est pas rare qu’elles subissent une poussée de la maladie. D’où l’importance de reprendre leur traitement habituel.

Dans le cas des maladies psychiatriques, on est particulièrement vigilant à la reprise du traitement, car le post-partum est une période de grands bouleversements psychiques qui peuvent fragiliser la mère.

Allaiter ou pas ?

Vous avez neuf mois pour réfléchir à cette question et en discuter avec votre médecin. On dispose de peu de données sur le passage de certains médicaments dans le lait maternel. Dans le doute, votre médecin vous recommandera les biberons.

Pour les mamans qui ont continué à prendre leur traitement pendant leur grossesse, on peut réfléchir à l’allaitement puisque le bébé a d’ores et déjà été en contact avec le produit. Mais, là encore, il vaut mieux éviter de prendre des initiatives personnelles et demander conseil auprès de l’équipe médicale.

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