Comment se libérer de l’héroïne ?

heroine poudre

1 % des 18-25 ans consomment cette drogue dérivée de l’opium. La plupart du temps, l’héroïne est injectée, mais elle peut aussi être « sniffée » ou fumée. L’injection est une pratique de moins en moins courante par peur d’une contamination (sida ou hépatites).

Ses effets

Par son action psychotrope, l’héroïne procure des effets euphorisants intenses. Mais elle entraîne rapidement l’usager vers un état de dépendance physique, un malaise très pénible à l’arrêt du produit. Cette dépendance oblige la personne à se procurer des quantités de plus en plus importantes de drogue. Très vite, elle consacre sa vie à cette obsession : trouver sa dose.

Un sevrage progressif

La plupart des héroïnomanes sont incapables de s’en sortir seuls. Il y a vingt ans, on proposait aux toxicomanes de se sevrer complètement lors d’un séjour à l’hôpital, puis de se mettre au vert pendant quelques mois dans un centre de post-cure. Mais, dès le retour au domicile, la rechute était quasi-systématique.

Aujourd’hui, on propose plutôt un sevrage progressif : La notion de guérison n’est plus la même. Les medecins optent pour des objectifs plus modestes, plus faciles à atteindre. La première chose à faire est de s’occuper de sa santé.

« Il s’agit, d’abord, d’aider la personne à retrouver des conditions de vie normales. La prise en charge d’un toxicomane, c’est un mélange de médical, de social et de psychologie. Si un patient n’a ni hébergement ni couverture sociale, comment voulez-vous qu’il suive son traitement ? » Explique Guy Renard, médecin généraliste, dont 30 % de la clientèle est toxicomane.

>> Quels sont les traitements de substitutions pour dépendance à l’héroïne?

Deux traitements possibles

L’idée est de tromper l’organisme en remplaçant la drogue par un médicament « de substitution », à base de méthadone ou de buprénorphine. Ces substances se fixent dans le caveau sur les mêmes récepteurs neuronaux que l’héroïne. Les récepteurs étant saturés, l’organisme ne réclame plus de drogue.

Chez les généralistes

Depuis 1996, ils sont autorisés à prescrire de la buprénorphine (ou Subutex@) sous forme de comprimés à faire fondre sous la langue. L’ordonnance est délivrée pour une semaine, de façon à suivre régulièrement le patient et à l’orienter – si possible – vers un réseau de soins comprenant des assistantes sociales, des psychologues et des psychiatres.

À l’heure actuelle, plus de 80 000 personnes sont sous buprénorphine. Malheureusement, le Subutex@ est fréquemment détourné de son usage. Selon une enquête menée par l’association Aides, 40 % des patients s’injectent le médicament après avoir réduit le comprimé en poudre. Ceux-là n’en n’ont pas encore fini avec le geste de l’héroïnomane : le shoot.

Pour les spécialistes, ces patients qui ne peuvent se passer de l’injection seraient mieux soignés avec la méthadone, impossible à injecter.

Dans les centres spécialisés ou à l’hôpital

Le seul moyen d’avoir accès à la méthadone, un traitement sous forme de sirop, est de s’adresser à un Centre spécialisé de soins aux toxicomanes (CSST) ou à un établissement de santé. Un médecin de ville pourra ensuite prendre le relais.

Selon les cas, la méthadone est donnée quotidiennement en présence d’un infirmier ou d’un pharmacien. Elle est délivrée pour deux semaines maximum aux patients stabilisés. Faute de place dans les centres de soins, seules 12 000 personnes bénéficient de ce programme.

Pourtant, l’enquête menée par Aides montre que les patients sous méthadone sont mieux suivis sur le plan psychologique que ceux qui prennent du Subutex@. L’explication est simple. Les CSST proposent une prise en charge globale, y compris une psychothérapie, tandis que les généralistes ont tendance à se contenter d’une simple prescription.

Par ailleurs, l’enquête révèle que plus de la moitié des patients ont commencé à diminuer progressivement la méthadone (seuls 40 % ont essayé avec la buprénorphine).

Réduire le traitement de substitution

Cela demande du temps. Certaines personnes seront sevrées en quelques années. D’autres ne pourront jamais se passer d’un traitement. L’important, c’est de ne pas brûler les étapes. D’abord stabiliser sa vie, ensuite réduire les doses.

« A une personne qui cherche un emploi et veut arrêter la méthadone en même temps, je dis non », dit le Dr Renard. Hélas, il n’existe aucune statistique sur le nombre de patients qui ont pu arrêter définitivement la prise de méthadone ou de Subutex.

>> Héroïne : Les chiffres et statistiques

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