Après avoir longtemps souffert d’une image controversée, sans doute liée à sa filiation au cannabis, le cannabidiol, ou CBD, est aujourd’hui un bien de consommation courant dans l’Hexagone. Le marché français est en effet animé par plus de 7 millions de consommateurs réguliers ou occasionnels de cette molécule non psychotrope et non addictive extraite du chanvre cultivé.
Au-delà de son succès auprès du grand public, le CBD suscite l’engouement de la communauté scientifique. La lutte contre l’addiction aux opioïdes fait partie des applications envisagées.
L’addiction aux opioïdes : un vrai problème de santé publique
Les opioïdes sont des médicaments antalgiques prescrits pour aider les patients à soulager la douleur suite à une blessure physique, à l’occasion de soins dentaires ou encore pour soulager la douleur chronique ou aiguë associée à une pathologie. Certains opioïdes sont légaux. Il s’agit notamment du fentanyl, de la morphine, de l’oxycodone ou encore de l’hydromorphone, à condition qu’ils soient prescrits et/ou administrés par un professionnel de la santé. Il faut toutefois noter que certains médicaments contenant de faibles doses d’opioïdes peuvent être vendus sans ordonnance. C’est notamment le cas des médicaments à base de codéine.
Contrairement à la majorité des médicaments que l’on retrouve dans nos pharmacies, les opioïdes ont un effet psychoactif. Concrètement, ils impactent l’humeur et les processus cognitifs, conduisant parfois à l’euphorie. Vous l’aurez compris : de par leurs caractéristiques (soulagement de la douleur et effet psychoactif), ces médicaments présentent un risque majeur d’abus et de dépendance.
Selon les chiffres publiés par l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), la prescription des opioïdes a progressé de 150 % entre 2006 et 2017. Le nombre d’hospitalisations liés à la surconsommation d’opioïdes prescrits a augmenté de 167 % entre 2000 et 2017, et le nombre de décès liés à ces puissants antidouleurs a bondi de 146 % au cours de la même période. Selon l’Assurance Maladie, au moins un Français meurt toutes les 42 heures des suites d’une surconsommation d’opioïdes.
Le CBD : quel potentiel dans la lutte contre l’addiction aux opioïdes ?
Le cannabis médical, qui contient du CBD (non psychoactif), du THC (psychoactif) et une centaine d’autres substances a longtemps nourri les espoirs pour stopper l’hémorragie de la dépendance aux opioïdes.
Malheureusement, les résultats se sont avérés mitigés. Le journal spécialisé Health Economics a publié les résultats d’un essai clinique réalisé dans quatre Etats américains (Californie, Maine, Massachusetts et Nevada). On y apprend que le nombre d’admissions pour cause de surdosage aux opioïdes a baissé de 7,6 % après la légalisation du cannabis récréatif… mais cette baisse s’est très vite tassée et les proportions antérieures sont revenues à peine six mois plus tard.
Un autre essai clinique réalisé au Royaume-Uni s’est toutefois soldé par des résultats plus encourageants. La mise en place de deux dispensaires de CBD et THC par compté a permis de réduire les décès par overdose aux opioïdes de 17 %.
Mais c’est dans le soulagement des symptômes du sevrage aux opioïdes que le cannabidiol (CBD) a montré le meilleur potentiel. Rappelons que le sevrage se traduit par une dysphorie, un état de manque, des troubles de l’humeur (stress, anxiété, nervosité), des frissons et une myalgie. Des épisodes d’insomnie peuvent perdurer plusieurs semaines après le sevrage.
Connu pour ses propriétés antalgiques, anti-inflammatoires, relaxantes et apaisantes, le CBD a sans doute un rôle à jouer pour améliorer la qualité de vie des patients en sevrage. Selon cette méta-analyse basée sur 144 études scientifiques, le CBD réduit drastiquement le risque de dépression et d’anxiété pendant le sevrage aux opioïdes. Il permet également de réduire l’intensité de l’état de manque tout en améliorant le sommeil des patients.
Le CBD en France : un marché dynamique malgré l’incertitude juridique
Acheter du cannabidiol en France est désormais un acte courant, voire banal. En effet, l’Hexagone compte désormais plus de 2 500 magasins spécialisés proposant des produits de cannabidiol. L’offre est complétée par boutiques en ligne qui proposent des services de livraison à domicile, mais aussi par les principaux acteurs de la grande distribution qui commercialisent des produits contenant du cannabidiol. C’est notamment le cas de Monoprix et de ses « Espaces CBD », mais aussi de Carrefour et E. Leclerc.