Ce trouble est diagnostiqué tardivement, au bout de sept à dix ans en moyenne! Or, les chances de guérison dépendent de la rapidité de la prise en charge.
Berlioz, Napoléon, Jim Carrey… les exemples de personnes atteintes de maniaco-dépression sont nombreux, surtout dans les secteurs professionnels de stress important ou de grande créativité. Environ 1,5 % de la population générale serait touchée par cette maladie,
Comment se manifeste-t-elle ? Par des changements d’humeur contradictoires, passant de l’euphorie (phase “maniaque”) à un état dépressif de plusieurs semaines.
D’où le terme de “trouble bipolaire” pour caractériser cette maladie.
Une alternance de “hauts” et de “bas”
Pendant les périodes “maniaques”, la personne a le sentiment d’être “le maître du monde” : « Je travaille dans une agence de publicité et, pendant ces moments-là, j’ai des tonnes d’idées géniales, raconte Sylvain, 27 ans, en début de traitement pour maniaco-dépression. Ce sont des sensations extrêmement palpitantes ».
Mais les périodes de dépression qui suivent sont difficiles à vivre: « C’est impossible de descendre plus bas, poursuit Sylvain. Je m’isole complètement, sinon je détruis tous ceux que j’aime… »
Résultat : la personne dépressive se désociabilise peu à peu.
Quels symptômes ?
Phase de dépression:
- Perte d’estime de soi.
- Sentiment d’inutilité.
- Perte de volonté (aboulie).
- Grande fatigue.
Phase “maniaque”:
- Tempérament euphorique.
- Dépenses d’argent excessives.
- Débit de parole impressionnant.
- Faible besoin de sommeil.
- Idées de projets incessantes.
Réagir vite
Toute la difficulté est là : déceler la maladie avant qu’elle ne s’installe. La personne touchée vit ainsi plusieurs années avec une maniaco-dépression sans le savoir. Pourquoi ? Pour la simple raison que les troubles apparaissent souvent à la période de l’adolescence et passent pour les signes d’une “crise d’ado” sans conséquences.
Des signes d’autant plus difficiles à repérer que les causes de la maladie sont multiples : facteurs héréditaires, stress, changement brutal du rythme de vie…
De graves conséquences
Les périodes de dépression sont très éprouvantes et peuvent conduire à un risque de suicide important chez les personnes non traitées. Mais les phases maniaques ne sont pas non plus sans risque puisque la personne malade se sent invulnérable et n’hésite pas à meure sa vie, et celle des autres, en danger.
« Pendant les périodes d’euphorie, je recherche des sensations fortes, raconte Sylvain. J’ai d’ailleurs frôlé la mort en faisant un excès de vitesse complètement fou sur l’autoroute. C’est ce jour-là que j’ai décidé d’écouter mon amie et d’aller consulter! »
II y a 70 % de rémission
Il existe aujourd’hui des traitements efficaces et de mieux en mieux maîtrisés. Certains médicaments (le lithium et les anticonvulsivants pour réguler l’humeur, ainsi que des antipsychotiques), accompagnés d’un soutien pédagogique et psychologique et éventuellement d’un antidépresseur naturel, apprennent au patient à gérer sa maladie el à retrouver, dans ¡a majorité des cas, une vie professionnelle et personnelle satisfaisante.