Parmi les filles et les garçons de moins de 18 ans, huit sur dix ont déjà consommé de l’alcool. Apéritif, verre de vin ou bière, la plupart l’ont d’abord “goûté” en famille.
Anniversaires ou mariages, on aime porter un toast : une sorte de communion transgénérationnelle scellée par l’alcool. En France, l’alcool fait partie de la culture et de la vie quotidienne, comme la gastronomie et la mode.
N’empêche. Parmi les drogues licites et illicites, c’est l’alcool que les adolescents expérimentent d’abord : en moyenne à 13,6 ans chez les filles et à 13,1 ans chez les garçons. Il faut dire que les boissons alcoolisées sont en vente libre à partir de 16 ans, souvent disponibles à la maison, voire proposées par les adultes. Mais la famille exercerait plutôt un contrôle sur la consommation, notamment pour que celle-ci ne se transforme pas en ivresse.
À condition que les parents ne tolèrent pas que l’enfant rentre ivre. Dans ce cas, ils doivent réagir comme pour les autres drogues, en montrant leur désapprobation ainsi que les risques liés à cet état.
Tant que l’ado consomme dans la sphère familiale, sa consommation reste raisonnable. On sait que le “premier verre” ne suffit pas à provoquer une dépendance. D’ailleurs, le jeune se souvient rarement de cette première fois… parce que souvent dénuée de plaisir. Or c’est l’une des “clés” de la dépendance.
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Le plaisir est un facteur essentiel
L’alcool, à l’instar des autres drogues, entre dans le cerveau pour y stimuler les circuits de récompense et du plaisir.
En fonction de l’effet obtenu, mais surtout de l’histoire du jeune, de son moral, de son entourage, il aura envie ou pas de recommencer cette expérience. Mais il faut savoir que l’on ne devient pas “accro” à l’alcool aussi vite qu’à la cigarette. Cela devient problématique lorsque l’adolescent prend plusieurs verres en quelques heures. À 17 ans, une fille sur deux et deux garçons trois déclarent avoir été ivres au moins une fois dans leur vie.
Survenant en moyenne deux ans après le premier verre, cette première ivresse marque souvent le début d’une longue période de soirées arrosées.
Les jeunes consomment des bières de plus en plus fortement dosées
Rompant avec le cocon familial, l’adolescent se met à boire avec ses copains. Surtout le samedi soir. L’alcool permet la fête, lève les inhibitions et renforce le sentiment d’appartenance au groupe. Les jeunes consomment de plus en plus de bières très dosées en alcool (10%) et cocktails d’alcool fort vendus à bas prix dans les supermarchés.
Boire un peu pendant l’adolescence fait partie des processus de communication habituels entre camarades. Si cela reste modéré, c’est plutôt un signe de sociabilité, d’ailleurs plus fréquent dans les groupes unis. En revanche, la consommation dépassant les normes admises (pour les 16-20 ans, une consommation bi-hebdomadaire ou une recherche répétée d’ivresse) exprime souvent un comportement social perturbé.
Même si elle n’est qu’occasionnelle, l’ivresse comporte des risques : accidents de la circulation, rapports sexuels à risques, violences et malaises (vertiges, vomissements, perte de connaissance, coma éthylique…).
La dépendance s’installe peu à peu
Le passage à la dépendance n’a lieu que pour une minorité. Celui qui recherche une ivresse systématique tente de fuir des pressions extérieures et des angoisses. À 16 ans, 6 % des jeunes ont besoin de cela…
Pourquoi ? Des études montrent une relation entre résultats scolaires et consommation, cette dernière pouvant être à la fois le résultat et la cause de l’échec scolaire. Côté famille, l’influence peut être forte. Voir ses parents consommer de l’alcool ne pousse pas à prendre au sérieux les sermons sur l’abstinence et les dangers. Il faut aussi compter avec l’hérédité, car l’alcoolisme est aussi dû à des facteurs génétiques.
Quelle qu’en soit la cause, l’adolescent qui boit trop — au moins trois ivresses durant les 30 derniers jours — a besoin d’une prise en charge thérapeutique. En deçà (une à deux ivresses par mois), il faut être attentif, chercher à en comprendre les raisons et surtout éviter que cela se dégrade.
La France a-t-elle de quoi s’affoler ? Pas plus que les autres pays, car la consommation juvénile est plutôt plus modérée chez nous. Elle a même tendance à diminuer. Si la situation de nos ados est moins alarmante qu’en Grande-Bretagne ou au Danemark, aux adultes de rester vigilants. Et de ne pas banaliser le “petit verre” cher à nos traditions.
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Parents : comment réagir
À la maison, deux attitudes à éviter: pratiquer l’humour “de comptoir” qui met en scène des personnes ivres. Entretenir la tradition de la première ivresse comme un moment d’initiation virile.
Avec ses copains. Ils sont au premier rang pour distinguer un simple excès festif d’un comportement systématique. « On peut leur faire confiance car ils discutent entre eux et peuvent ainsi exercer un contrôle positif sur leurs pairs. Pour les parents, il est toujours bon d’avoir un contact avec les amis de ses enfants… »
Posez des limites. « Un ado qui rentre ivre demande inconsciemment à ses parents de poser les limites. Parfois, il faut être simple et remettre les pendules à l’heure. Le rôle des parents, c’est de faire la morale. Cela n’empêche pas de se donner le temps de parler et d’analyser ce qui se passe. »
N’hésitez pas à consulter. Au moindre doute, discutez avec un psychologue spécialisé. Puis, si nécessaire, amenez l’ado à consulter… Des traitements remboursés par la par certaines mutuelles existent selon le degré de dépendance. Les Centres de cure ambulatoire en alcoologie (C.C.A.A.) proposent des soins orientés sur une psychothérapie de groupe, sans recours médicamenteux. S’il est trop dépendant (tremblements, convulsions), une hospitalisation dans une unité d’alcoologie s’impose. Intégré dans un petit groupe, il recevra des traitements adéquats.