Les crises de manque dues à l’héroïne sont très intenses et quasi-systématiques et représentent autant de sources de rechutes. Pour aider les consommateurs dépendants à se sevrer plus facilement, les pouvoirs publics ont autorisé les traitements de substitution dès 1994.
Une variété de traitements efficaces est disponible pour la dépendance à l’héroïne ; qu’ils soient psychologiques et pharmacologiques (médicaments). Les deux approches aident à rétablir un certain degré de normalité dans le fonctionnement du cerveau et du comportement. Bien que les aides psychologiques et pharmacologiques puissent être extrêmement utiles lorsqu’elles sont utilisées indépendamment l’une de l’autre, la recherche montre que pour la plupart des individus, la mise en application des deux types de traitements est l’approche la plus efficace.
Selon l’OFDT, en 2014, 1,0 % des jeunes âgés de 17 ans a expérimenté l’héroïne (autant de filles que de garçons).
La substitution par traitement pharmacologique (médicaments)
La substitution a pour objectif d’obtenir la diminution partielle, puis l’arrêt total des injections.
Pour arriver à leurs fins, les médecins disposent de deux possibilités de prescription, la méthadone et aussi (et surtout) la buprénorphine (Subutex®), majoritairement prescrite dans l’hexagone.
La recherche scientifique a établi que le traitement pharmacologique de la dépendance aux opioïdes diminue considérablement la consommation de drogues, la transmission de maladies infectieuses ainsi que les comportements agressifs et criminelle.
• La méthadone (Dolophine ® ou Methadose ®) est un agoniste opioïde à action lente.
La méthadone est prise par voie orale afin qu’elle atteigne le cerveau lentement, freinant la « montée » se produisant avec d’autres voies d’administration tout en empêchant les symptômes du sevrage. Elle est prescrite sous la forme d’un sirop buvable, dosé différemment selon les patients. La méthadone est utilisée depuis les années 1960 pour traiter l’héroïnomanie et est toujours une excellente option en termes de traitement (en particulier pour les patients qui ne répondent pas bien à d’autres médicaments). Disponible depuis 1995 en France, la méthadone est disponible uniquement par le biais d’un centre spécialisé de soins des toxicomanes et fait l’objet d’un suivi très régulier (analyses fréquentes d’urines).
• La buprénorphine (Subutex ®) est un agoniste opioïde partiel, une molécule alternative à la méthadone prescrite sous la forme d’un cachet à laisser fondre sous la langue.
La buprénorphine se rapproche quelque peu de la morphine et soulage les envies de drogue sans produire les effets «élevés» ou dangereux des autres opioïdes. Chez les individus dépendants, cette molécule produit un effet de bien-être visant à compenser les états de manque. À l’inverse de la méthadone, elle peut être prescrite par un médecin directement (sans passer par un centre de soins spécialisés). En France, c’est le Subutex qui est majoritairement prescrit : il représente à lui seul 85% des prescriptions du marché total des médicaments de substitution aux opiacés.
Des résultats très satisfaisants
En France, ce n’est pas loin de 100 000 patients qui tirent avantage des traitements de substitution. Entre 1994 et 2002, le décès par overdose d’héroïne a diminué de 5 fois. Cela représente 3500 vies sauvées entre 1996 et 2003. La plupart des patients traités bénéficient d’une bien meilleure vie sociale grâce à la substitution.
La réduction des risques, qu’est-ce que c’est ?
Cela représente un système spécifique instauré graduellement depuis les années 1980 auprès des consommateurs de drogues les plus en difficulté afin de diminuer la contamination par le SIDA (VIH) et par les virus des hépatites B et C.
Les mesures appliquées :
- Dès 1987, la mise en vente libre des seringues ;
- Dès 1995, l’apparition de programmes d’échange de seringues (PES) ;
- S’accompagnant de la diffusion de « kits de prévention » (étui contenant 2 seringues et du matériel stérile et prêt à l’emploi) dans les PES ainsi que dans les pharmacies ;
- La mise en place de distributeurs de kits de prévention ;
- La création de « boutiques » offrant un lieu de repos, une écoute sans jugement, des services d’hygiène (douches, machines à laver), des repas, qui dirigent les usagers vers le soin et les services sociaux.
Ce dispositif de « boutiques », désormais reconnu par la loi de santé publique du 9 août 2004 sous l’appellation de « centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues », vise à maintenir un lien avec un usager, souvent en situation de grande précarité, pour éviter les risques majeurs et orienter vers les services de soins.